Extrait du livre blanc « L’accès à l’information et aux Réseaux Sociaux rend-il plus innovant.e ? »
Texte de Hubert Leclézio
L’innovation au cœur d’un écosystème
L’étoile et la clé de l’Océan Indien(1)
L’Ile Maurice a longtemps agit comme pierre angulaire sur la carte du Monde, représentant un point stratégique sur la route des Indes. Ce pays dont les habitants sont tous originaires d’ailleurs est un vivier multilingue, multiculturel et entrepreneurial. A la croisée des continents, s’appuyant sur cette richesse historique et culturelle, Maurice en tire sa force pour y faire des affaires avec le dynamisme asiatique et selon les modèles de bonne gouvernance européens.
Cette île perdue au milieu de l’Océan Indien est connectée au monde principalement par le câble à haut débit SAFE. Le câble SAFE est un câble fibre optique sous-marin de dernière génération reliant Melkbosstrand en Afrique du Sud à Penang en Malaisie. Son nom est l’acronyme de South Africa – Far East, soit celui de ses deux extrémités en anglais. L’Ile est donc très bien placée sur l’autoroute de l’information avec un taux de pénétration élevé d’abonnements mobiles (144 pour 100 habitants) et internet (86.3% de la population) avec accès aux principales chaines satellitaires internationales (Statistics Mauritius, 2017).
L’Ile, un caillou indépendant de 1 865 km2 a peu de ressources naturelles et ne doit compter que sur elle-même pour se développer et subvenir aux besoins de sa population.
Elle n’a d’autres choix que de s’appuyer sur l’entreprenariat pour générer des richesses. Quasi tout Mauricien a une âme entrepreneuriale et nombreux sont ceux qui cumulent un emploi stable et une activité parallèle. Le Mauricien est souvent agile, opportuniste en affaires et ouvert à l’innovation tant qu’elle peut lui être bénéfique.
L’innovation est le cœur de l’écosystème mauricien. On ne parle pas ici d’innovation dans le sens des innovations technologiques mais d’une perspective business, économique et de politique étrangère.
Parti d’un seul secteur d’activité, l’industrie sucrière, le pays a su innover au moment de l’indépendance pour s’adapter au contexte économique mondial en perpétuelle mutation à travers la diversification de son économie : tourisme, services financiers, secteur manufacturier, textile, externalisation (Business Process Outsourcing) …
L’Ile n’est pas un centre d’innovation technologique (produits et procédés) faute de moyens et ce n’est pas l’accès à l’information qui y changera quelque chose. La capacité des start-ups à lever des fonds pour des secteurs novateurs et risqués demeure limitée. De plus en plus d’autres options sont toutefois explorées sur internet pour les start-ups mauriciennes : les plateformes de crowdfunding et de crowdlending se multiplient en Afrique. Les réseaux sociaux permettent d’augmenter leur visibilité, et d’atteindre des investisseurs autrefois peu accessibles, ce qui permet alors à certains de lever suffisamment de « seed capital » pour initier leurs activités. Ces méthodes restent limitées et ne touchent qu’une infime partie de la population. Le secteur privé mauricien investit dans des entreprises et des projets ciblés, et le financement public pour la recherche fondamentale est minime. Les moyens sont restreints et l’Ile Maurice se focalise sur les marchés de niche où elle conserve un avantage compétitif mondial. Toutefois depuis le début du siècle des projets de recherche intéressants voient le jour.
L’innovation ici se situe au niveau des compétences humaines (soft skills), de l’innovation en commercialisation et en organisation : historiquement il y a eu le tissage d’un réseau d’accords internationaux et notamment du fameux traité de non-double imposition avec l’Inde qui a fait de l’Ile Maurice un moteur de l’investissement étranger en Inde (33% de l’investissement direct étranger en Inde a transité par l’Ile Maurice entre avril 2000 et mars 2016). Le tourisme de l’Ile par exemple a su se transformer pour ne pas seulement vendre une mer azurée, du soleil et des plages de sable blanc mais aussi un sens de l’hospitalité, une expérience, le partage d’un savoir-être où il fait bon vivre et travailler ensemble… Pour cela nul besoin de réseau social, Chatbot, Intelligence Artificielle, de Robot, d’objets connectés mais juste d’écoute du client, ce qui est le plus important pour celui qui a tout et choisit de venir s’installer et se détendre ici.
Néanmoins, on ne peut ignorer que selon le rapport de la GSMA, « le secteur mobile est devenu la plateforme préférée pour créer, distribuer et consommer du contenu et des services numériques, y compris ceux qui aident à relever les différents défis sociaux présents dans la région. Les opportunités d’innovation dans le secteur mobile attirent talents et investissements dans l’écosystème de start-up technologiques en Afrique subsaharienne. » Même si de nombreux efforts sont à réaliser au niveau de l’accès au financement public et privé, ainsi qu’à l’établissement d’un centre d’innovation technologique et scientifique à Maurice, il semble naturel que la présence des réseaux sociaux et l’hyper-connectivité propre à notre époque viennent s’ajouter à l’instinct entrepreneurial du Mauricien pour consolider notre position de terre d’innovation – pont entre l’Afrique et l’Asie.
(1) Soit en latin « Stella Clavisque Maris Indici », la devise de l’Ile Maurice
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