Extrait du livre Blanc « 612 rencontres sur les réseaux sociaux »
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Texte de Sandy Beky
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Réseau social, connais-moi !
Je me rappelle d’une époque, il n’y a encore pas si longtemps que ça, où la devise de tout.e. spécialiste, s’il en est, du réseautage était “ce qui importe n’est pas qui tu connais mais qui te connait”
Aujourd’hui dans un monde où 2 milliards 307 millions d’individus (soit 31% de la population mondiale)* sont des utilisateurs actifs des réseaux sociaux, on peut s’interroger sur le sens, nouveau, revisité, ré-imaginé, que revêt le mot « connaître ».
« Tu connais cette personne ? » (à remplacer par un prénom et un nom)
Combien de fois avons-nous répondu à cette question machinalement ou peut-être même de façon assurée par un “oui je la connais” ? Comment ne pas finir par avoir l’impression de connaître une personne dont on découvre, pour citer quelques exemples, les centres d’intérêt sur Twitter, les endroits qu’elle aime sur Instagram, les différents métiers qu’elle a exercé et les organisations pour lesquelles elle a travaillé sur LinkedIn, les lieux où elle se trouve et ce qu’elle fait à l’instant t sur Facebook, sans même l’avoir jamais rencontrée ? Description certes un peu caricaturale mais qui nous rappelle combien par les réseaux sociaux la notion de connaissance peut se défaire d’un lien qui, à une époque, se devait de passer par une rencontre visuelle ou un échange verbal. Epoque où l’on pouvait ignorer tout de ses voisins et tout même dire « je les connais » parce qu’on les croisait chaque matin dans l’ascenseur et échangeait un « bonjour ».
Les réseaux sociaux n’ont pas forcément changé nos rapports avec nos voisins mais ils nous ont permis d’abolir les frontières et nous faire entrer dans la vie de gens partout dans le monde et leur ouvrir les portes de la nôtre. A une subtilité près : la virtualité de ce rapport, de ce lien, si tant est qu’on souhaite le maintenir ainsi, autorise à sélectionner, doser, filtrer à volonté l’information que l’on partage. La connaissance de l’autre à travers les réseaux sociaux devient alors un étrange mélange entre ce que je présente et la lecture qu’en fait l’autre. Mélange, interprétation, projection, qui peuvent aussi créer des élans de solidarité, de générosité, inimaginables il y a encore quelques années. C’est ainsi qu’aujourd’hui des gens qui ne vous ont jamais vu, qui ne vous ont jamais parlé de vive voix, qui ne savent pas forcément qui vous êtes réellement derrière un profil de réseau social sont prêts à vous aider à localiser un membre de votre famille lors d’un événement tragique, à trouver ou retrouver emploi, à soutenir en leur nom une cause que vous défendez, à diffuser un message dans lequel elles et ils se reconnaissent ou tout simplement parce que vous leur avez demandé de le faire, à devenir des accélérateurs de votre popularité digitale, etc.
« Savoir que quelqu’un, quelque chose existe, avoir une idée de quelqu’un, de quelque chose » est l’une des définitions du mot connaître. Ce n’est peut-être que cela, connaître quelqu’un sur les réseaux sociaux et c’est peut-être ce qui en fait toute la différence avec cet autre que je ne connais alors que dans la vie réelle et que je n’ai pas toujours choisi de connaître et côtoyer. Et pour être au plus proche de ce nouveau rapport à l’autre, qui peut ne s’inscrire et exister que dans le monde des réseaux sociaux, « RéSonnaître » serait-elle une version plus adaptée du mot connaître ?
Je dédie cet article à toutes celles et ceux que je « résonnaîs » ainsi que toutes les personnes que j’ai pu aussi rencontrer dans la vraie vie après avoir fait « résonaissance ».
* source : We are social – Janvier 2016
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Les 2 tomes :
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un extrait :
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