Extrait du livre Blanc « 612 rencontres sur les réseaux sociaux »
_________________________________________________________
Texte de Jean-François Clément
_________________________________________________________
« Nous ne devrions jamais faire ce que nous ne sommes pas capables de montrer » nous rappellent avec force les réseaux sociaux
Il n’est pas si lointain le temps où la chose écrite semblait être passée de mode, où les envies épistolaires, le plaisir de la narration avaient été relégués au rang d’antiquités, supplanté par une oralité foisonnante et une téléphonie balbutiante. Fin 1994, France Télécom Mobiles visait les 300 000 abonnés ! La parole était à l’image, à la vidéo. Au grand dam de ma grand-mère qui me répétait régulièrement « votre génération ne prend plus le temps de faire des phrases, de succomber aux délices des mots, de raconter une histoire et de ponctuer le récit de belles respirations tout en pensant aux lecteurs ». L’arrivée d’internet lui donna petit à petit tort. Concomitamment avec le déploiement de la téléphonie mobile et l’avènement des téléphones intelligents, trois minuscules « www » bouleversèrent nos façons de communiquer, notre capacité à interagir localement comme au niveau planétaire. Ils nous nous obligèrent à donner du caractère à nos écrans et à repenser nos contenus, restituant à l’écrit son aura initiale. Imaginez la surprise de ma grand-mère quand elle reçut mes premiers courriels auxquels, grisée à son tour par les charmes de l’immédiateté, elle répondait amusée. Comme elle, des millions et bientôt des milliards de personnes redécouvrirent l’art de jouer avec les mots et le plaisir de partager des émotions.
Puis les réseaux sociaux débarquèrent multipliant le champ des possibles à commencer par l’interconnexion universelle et le libre accès à une exposition planétaire. Comme l’avait prédit Andy Warhol, chacun pouvait désormais s’offrir un quart d’heure de gloire. Mieux encore, chacun pouvait s’inviter et intervenir aux débats de ce Monde et sur quelque sujet que ce soit témoigner de faits, partager propos et opinions. Après quelques atermoiements, là encore il fallut se rendre à l’évidence, la révolution digitale en cours n’était pas qu’une passade. Elle amenait tout émetteur de contenu – citoyens, entreprises, marques BtoC ou BtoB, institutions, associations… à porter un autre regard sur sa communication et à revisiter ses stratégies. Au fur et à mesure de la multiplication des réseaux sociaux et de la maturité de leurs utilisateurs, elle se mit à interroger avec acuité nos pratiques, nos valeurs et notre éthique.
Aujourd’hui, le « je suis ce que je dis » est constamment remis en cause. Le temps est venu du « je suis ce que je fais » et du « je deviens ce que l’on dit de moi », ici comme à l’autre bout de la planète. Désormais la puissance médiatique des réseaux sociaux, leur capacité de séduction et de nuisance, l’engagement qu’ils créent incitent à plus de transparence. Ils demandent du recul, de l’analyse, des mots choisis. Des stratégies de communication cohérente, des contenus intelligibles porteurs de sens, d’émotion aussi pour nourrir le dialogue et favoriser l’engagement. Sans angélisme, ni pessimisme, il n’a jamais été aussi vital de communiquer vrai et juste. Ma grand-mère qui en d’autres temps me rappelait « Nous ne devrions jamais faire ce que nous ne sommes pas capables de montrer» est ravie.
_________________________________________________________
Les 2 tomes :
_________________________________________________________
_________________________________________________________
un extrait :
_________________________________________________________