Extrait du livre blanc « L’accès à l’information et aux Réseaux Sociaux rend-il plus innovant.e ? »
Texte de Sophie Boutreux
Design, innovation et expérimentation : le leurre de l’accessibilité numérique pour les métiers créatifs
La démocratisation de l’art s’est accrue ces dernières années avec le numérique et a permis la multiplicité d’accès à l’information.
L’exemple de « la résidence » de Banksy à New York en 2013 dont la visibilité sur internet a été primordiale tout comme l’événement, a vu acquérir une dimension internationale relayée par les médias et surtout par les réseaux sociaux.
L’ère du numérique, certes considéré comme le vecteur principal d’un nouvel accès au partage et à la diffusion de l’information pour un large public est-il aussi efficient qu’on le pense en Art architectural ou en Design ?
En 2017, le site Google Art Project propose, aujourd’hui, 57 000 œuvres en ligne et l’accès à 230 musées dans le monde.
En 10 ans, 400 millions d’œuvres sont désormais accessibles exprimant des tendances et des techniques, mises en ligne par les «Creative Common ».
Et pourtant, selon l’étude du démographe Olivier Donnat : même si les conditions d’accès à l’art ont été modifiées et augmentées, elles n’ont pas révolutionné la structure générale des pratiques ni accru les tendances et l’innovation en matière de design.
L’explication vient probablement des générations futures d’artistes :
En interrogeant les étudiants de l’Esam Design, une école d’arts appliqués, préparant des diplômes en design et en architecture d’intérieur, tous déclarent utiliser régulièrement des outils tels que Pinterest, première source d’inspiration. Ils font partie de communautés dédiées au design sur Facebook, « twittent » et visitent musées et expositions au moins une fois par semaine.
Sont-ils pour autant plus innovants ?
«Non » répondent les enseignants, des designers, architectes d’intérieur, ou plasticiens interrogés de cette même école. La réponse est unanime : dans l’univers de l’art, ce n’est pas la connaissance et le savoir si multiples soient-ils qui permettent d’être novateurs et créateurs de nouvelles idées, le vrai défi c’est l’expérimentation.
En d’autres termes c’est par l’utilisation de ces connaissances, qu’un artiste peut produire de nouvelles visions notamment architecturales. Pour véritablement inventer il doit passer par trois phases de création : l’intuition, puis l’analyse ou le sens critique, et enfin l’émission de nouvelles hypothèses et l’évolution du concept.
Ainsi, prenons l’exemple du mobilier design. Un étudiant en art aura beau se servir des réseaux Instagram ou Pinterest pour trouver l’inspiration, s’il ne comprend le sens du concept artistique d’un fauteuil Djinn du designer Olivier Mourgues, il ne fera que le reproduire peut être le détourner mais non créer une nouveauté.
Et parfois même face à ce flot, le danger pour les étudiants, est de se retrouver en saturation d’informations. Incapables de faire leurs choix, essentiels dans la construction de leur propre créativité, ils ne pourront pas inventer.
Aussi, multiplier les accès au savoir et au partage en architecture ou en design, est certes nécessaire mais se limitera à un empilement d‘images si la curiosité de ces futurs designers ne l’expérimente pas.
De nombreux exemples de leurs pères l’ont d’ailleurs prouvé par leurs talents d’innovation sans toutefois disposer de tant d’informations. Le maître en la matière est l’architecte et designer Le Corbusier, qui avait expérimenté une véritable innovation avec la célèbre cité radieuse en 1952.
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Livre Blanc:
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Alban Jarry 