Extrait du livre blanc « L’accès à l’information et aux Réseaux Sociaux rend-il plus innovant.e ? »
Texte de Pascal Morin
Les réseaux sociaux : à utiliser avec prudence et modération
Le réseau dit « social » est à la fois un vecteur promotionnel (à des fins commerciales, personnelles, culturelles, etc.) et une source d’information « gratuite » (entre guillemets car tout clic fournit une donnée au réseau social qui représente une valeur pécuniaire). Mais avant tout un réseau social est une entreprise commerciale dont le but premier est de collecter de l’information afin de la monétiser et maximiser le profit du promoteur.
Les motifs des utilisateurs sont très variés allant de l’aspect purement philanthropique à celui totalement commercial avec tout une gamme de variations entre les deux. En ne s’attachant qu’à l’aspect informatif, la qualité de ce qui est diffusé n’est pas (ou peu) contrôlé contrairement à d’autres médias où l’on peut estimer, sinon espérer, qu’une compétence professionnelle aura apposé un filtre ; le lecteur doit donc posséder un esprit critique développé afin de s’assurer de la pertinence et de la fiabilité de l’information. L’expérience permet de différencier les contributeurs sérieux (peu nombreux en pourcentage) de ceux qui relèvent de l’incompétence – quand il ne s’agit pas de pure désinformation – ou procèdent à une simple retranscription.
La production d’un contenu avec une réelle valeur ajoutée est souvent très limitée et le lecteur aura souvent intérêt à rechercher la racine même de l’information (des organismes officiels par exemple) que de se contenter d’une analyse « clef en main » et surtout de ne pas hésiter à s’informer auprès de sources variées, d’autant plus si elles sont contradictoires. Le risque est en effet grand que le confort de la passivité engendre un formatage normatif de la pensée.
Les questions de pertinence et de fiabilité sont donc clefs dans un système où l’abondance d’information tue l’information et où il est de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux, le principal de l’accessoire, les données objectives des données subjectives. La facilité d’accès à une information diverse, libre et multiple crée également un sentiment erroné de sécurité et trop souvent détourne le lecteur de l’effort que requiert la recherche de toute information de qualité. Tout utilisateur des réseaux sociaux devrait d’ailleurs chaque fois se poser la question de la valeur pécuniaire qu’il leur attribue et donc ce qu’il serait prêt à payer pour y accéder afin de relier la qualité intrinsèque du service tel qu’il la perçoit par rapport à ce qu’elle est en réalité.
On peut également s’interroger sur la censure que divers réseaux sociaux souhaitent mettre en place – en particulier sous la pression d’Etats – pour lutter contre ce qu’on appelle les « fake news » avérées ou non. Cette évolution va à l’encontre de l’espace de liberté tant vanté par ces mêmes réseaux, où la parole risque d’être contrôlée par la puissance publique en fonction d’agendas qui ne sont pas forcément aussi vertueux qu’on veut bien le laisser à penser : leur neutralité, centrale à leur modèle mais déjà toute relative, serait alors largement remise en cause.
Dans le domaine de l’information et de la recherche de données, l’utilisation des réseaux sociaux doit donc être parcimonieuse et s’alimenter auprès de sources aussi diverses que possibles afin, a minima, de déclencher une saine réflexion critique chez l’utilisateur. Leur aspect qualitatif est très sujet à caution et autant que faire se peut on choisira l’origine même de l’information qu’elle se situe sur le net ou bien sur des supports classiques, et la plupart du temps en-dehors des réseaux sociaux.
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Livre Blanc:
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Alban Jarry 